La Divine Miséricorde, l’océan d’amour qui enveloppe le monde
Un écho du cinquième congrès mondial à Samoa  20 au 26 mai 2023

Suite logique aux précédents Congrès apostoliques mondiaux de la Miséricorde (Rome, 2008 ; Lagiewniki, 2011 ; Bogota, 2014 ; Manille, 2017), en mai 2023 : l'Océanie ! La date de ce congrès originellement prévu en 2020, avait été repoussée à trois reprises en raison du covid-19.

Par leur Archevêque Mgr Alapati Mataeliga, les îles Samoa étaient candidates, depuis 2011, pour qu’un congrès apostolique mondial de la Miséricorde se tienne en Océanie. La Miséricorde est devenue, chez les Samoans, l'option fondamentale de la vie diocésaine. Avec Lesina Levy, la coordinatrice, ils avaient déjà organisé avec brio deux Congrès océaniens de la Miséricorde, réunissant toutes les îles anglophones, des Fidji aux Tonga, des îles Salomon à la Papouasie, de la Nouvelle Zélande à l'Australie ! Cette fois-ci, pour le Congrès Mondial de la Miséricorde, ils ont réussi à impliquer aussi les îles francophones. Le drapeau français flottait sur le Congrès, grâce à la présence de personnes de la Nouvelle Calédonie, de Wallis et  Futuna.

La thématique de ce cinquième congrès mondial de la Miséricorde consistait à découvrir l'océan de la Miséricorde qui nous enveloppe.

Un congrès, plongée dans un monde pluriel et haut en couleurs

Ce congrès était une plongée dans un monde pluriel, avec la participation de protestants (la moitié de l'île dépend des Missionnaires de Londres), de bouddhistes, hindouistes et musulmans. Le Premier ministre de Samoa est venu nous parler de sa conversion par le sacrement de réconciliation, à la suite d’une lecture du Petit Journal de sainte Faustine.

Ce congrès était aussi un congrès haut en couleur ! Les rites locaux de l'Ava, les liturgies très joyeuses de la Parole, des offertoires dansés merveilleusement par les filles des chefs de tribus !

Un congrès nouveau dans sa forme

Ce V^e congrès mondial de la Miséricorde était présidé par un évêque du dicastère pour l'évangélisation. En effet, en 2017, la structure des Congrès avait été confiée au dicastère de l'évangélisation.  Le cardinal Christophe Schönborn et moi-même en avions fait la demande au Pape qui nous avait répondu par un billet manuscrit, en priant Mgr Rino Fisichella, Président du dicastère de l’évangélisation, de l'intégrer dans les grandes activités de ce service à l'Église universelle. Un officiel de ce dicastère, mexicain, avait donc été chargé de coorganiser ce congrès, avec l'Église locale.

La préparation de ce congrès a été marquée par le décès soudain et inattendu de Mgr Alapati Mataeliga, archevêque de Samoa, pour le dimanche de la Miséricorde 2023, puis, par celui de Madame Lesina Levy, coordinatrice, trois jours avant l’ouverture du congrès ! Tous, nous avons vécu cet évènement mystérieux, par une immersion dans le mystère pascal de la Miséricorde. Le Seigneur était là. Il guidait mystérieusement ses apôtres, embarqués comme à Tibériade, se fatigant dans la nuit. Il était déjà sur les rivages à nous appeler à partager le bon pain de la miséricorde et les extraordinaires poissons de l'Océan si pacifique au cœur duquel nous nous situions.

Un congrès très riche par la variété des témoignages

La délégation des jeunes de Papouasie-Nouvelle Guinée donnait son témoignage sur leur présence auprès des frères et sœurs les plus défavorisés.  

L'archevêque des Fidji nous disait l'importance de répondre aux besoins et aux cris de l'humanité d'aujourd'hui. Réinterprétant Exode 3 ('j'ai entendu les cris de ton peuple'), au long de l'histoire, il nous rappelait l'importance pour saint Jean-Paul II de poser une limite au mal nazi et communiste, la nécessité aujourd'hui de répondre à l'urgence des changements climatiques qui bouleversent, par des migrations continuelles, les îles envahies par les eaux.

Des délégations de Syrie, d'Australie, d'Indonésie, du Canada et de Chine insistaient sur l'urgence interreligieuse. Seule la miséricorde peut devenir source d'espérance pour un monde complètement déséquilibré par la pandémie et les guerres. Et si la miséricorde, que se partagent les grandes sagesses et religions du monde, pouvait devenir le jaillissement d'une civilisation nouvelle ? Et si la Miséricorde s'avérait devenir la seule garantie de l'égale dignité humaine de tous ? Et si elle devenait le paramètre de nouveaux récits, d'une éducation planétaire nouvelle ? En Asie et en Océanie, ils en sont convaincus et ils compatissent pour cette « tribu de l'Ouest asiatique » qu'est l'Europe, qui manquant d'imagination, se trouve un peu isolée et « suicidaire »...

Le jour point à Samoa. Selon l'ordre des fuseaux horaires, les Samoans sont toujours les premiers à expérimenter l'aurore du Jour de la Miséricorde. Oui, ils sont orientés à préparer, comme des petites étincelles, la venue de la Parousie.
Les relations actuelles authentiques de miséricorde dans le monde sont certainement des semences qui, croissant, configureront le dernier Jour, où apparaîtra le Messie dans toute sa plénitude. Il est le Miséricordieux. Il l'était déjà avant la création. Il sera tel dans toute sa beauté dans la Parousie. Et beaucoup reconnaitront alors que le zerah (la semence, au sens biblique) de ce Messie tant attendu était bel et bien Jésus de Nazareth, mort, ressuscité et déployé par l'Église !

Rendez-vous au prochain Congrès Mondial, en 2026, à Vilnius !

P. Patrice Chocholski
Directeur de l'Institut Catholique de la Méditerranée - Marseille