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"La Miséricorde de Dieu est pour tous" - Pape François

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La Miséricorde, c'est quoi ?


Ce dimanche 17 mars 2013, face à une place Saint Pierre bondée, le pape François apparaît pour la première fois à la fenêtre des appartements pontificaux. 


Pour son tout premier angélus, après son élection quatre jours auparavant, le nouveau pape s'exprime sur l'évangile du jour, la femme adultère, centrant son propos sur la miséricorde. « Ces derniers jours, j'ai pu lire le livre d'un cardinal sur la Miséricorde, lance-t-il à la foule. Et ce livre m'a fait beaucoup de bien ». Cet ouvrage du cardinal allemand Walter Kasper, qui sort ces jours-ci en français (1), l'a accompagné tout au long du conclave qui vient de l'élire. « Un peu de miséricorde rend le monde moins froid et plus juste, poursuit le pape. Nous avons besoin de bien comprendre cette miséricorde de Dieu, ce Père miséricordieux qui a une telle patience…»

Mais qu'est-ce que la miséricorde ? « Ce thème si central dans la Bible et tellement essentiel pour le monde d'aujourd'hui est à peine mentionné dans les lexiques et manuels de théologie dogmatique », regrette le cardinal Kasper. Or, pour l'ancien professeur de dogmatique à Tübingen, devenu président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens sous Jean-Paul II, la miséricorde est pourtant « l'attribut divin qui occupe la première place », « l'expression de l'être même de Dieu qui est Amour », qui « exprime l'être de Dieu qui se penche avec bienveillance sur les hommes et sur le monde ». « Saint Augustin définissait la miséricorde comme le cœur compatissant pour la misère d'autrui et les moyens pour essayer d'y subvenir » avance Mgr Albert-Marie de Monléon, ancien évêque de Meaux, qui promeut depuis 2008 en France des congrès de la Miséricorde pour sensibiliser les fidèles à ce thème. « En reprenant ce qu'en disaient Sœur Faustine et Jean-Paul II, je la vois comme l'amour en acte pour mettre un arrêt au mal, continue-t-il. C'est loin d'être quelque chose de lénifiant : cela implique qu'on s'engage. » Mgr de Monléon regrette que la miséricorde ait longtemps été cantonnée dans des pratiques purement dévotionnelles. « De très belles choses, reconnaît-il, mais ce n'est pas suffisant. »


Le mot latin misericordia signifie littéralement : « avoir son cœur (cor) auprès des pauvres (miseri) ; avoir un cœur qui bat pour les pauvres », rappelle le cardinal Kasper. L'Eglise a longtemps promu les « œuvres de miséricorde » : le langage peut paraître désuet, mais il recouvre des choses très concrètes : nourrir les affamés, abreuver les assoiffés, vêtir les personnes nues, accueillir les étrangers, les pèlerins et les gens dans le besoin, visiter les malades, annoncer la Bonne Nouvelle aux prisonniers et aux captifs, enterrer les morts… « C'est le bon Samaritain qui se bouge pour venir en aide à celui qui est tombé aux mains des brigands », résume Mgr de Monléon qui insiste sur la dimension d'annonce de la Parole : « Pris aux entrailles » pour la foule, Jésus se mit d'abord à l'« enseigner longuement  » avant de la nourrir, relève-t-il.



Pour parler de la miséricorde, l'hébreu biblique emploie en effet le mot rahanim, les entrailles. Dieu lui-même se laisse remuer jusqu'aux entrailles. « Dieu est un Dieu qui voit la misère de son peuple et entend ses cris, explique le cardinal. Il n'est ni mort ni muet, il est un Dieu vivant qui se préoccupe de la détresse de l'homme, qui parle, agit et intervient, qui sauve et délivre. » Malheureusement, l'idée de miséricorde laisse aujourd'hui l'image d'un compassionnel distant. « Les mots compassion et miséricorde ont beau être complètement passés de mode, la réalité et les comportements qui en découlent ne le sont pas, souligne pourtant le cardinal Kasper. La compassion – ou, comme on préfère l'appeler, l'empathie – est devenue dans la psychologie et la psychothérapie modernes, en pédagogie, en sociologie et en pastorale le nouveau paradigme important. »

C'est tout le sens de l'Année de la miséricorde annoncée par la pape François qui ne cesse d'appeler l'Eglise à être un « hôpital de campagne après la bataille ». « La critique la plus grave qui puisse atteindre l'Eglise est le reproche que souvent, apparemment, peu d'actes suivent ses paroles, qu'elle parle de la miséricorde de Dieu alors que beaucoup la perçoivent comme rigoriste, dure et sans miséricorde », insiste le cardinal Kasper. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si cette année jubilaire coïncide avec les 50 ans de la clôture du concile Vatican II que Jean XXIII avait ouvert en soulignant que l'Eglise préfère « recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité ».

« Pratiquer une miséricorde sans vérité manquerait d'honnêteté ; cela n'apporterait qu'une bien piètre consolation et ne serait finalement qu'un vain bavardage », met néanmoins en garde la cardinal Kasper regrettant que le mot miséricorde soit employé aujourd'hui « pour désigner une pastorale et spiritualité 'soft' ou une latitude laxiste, sans effet ni consistance ». S'appuyant sur saint Thomas d'Aquin pour qui « la justice sans la miséricorde n'est que cruauté, la miséricorde sans la justice est mère de la débauche » il appelle donc l'Eglise à ne « pas détourner le sens objectif de la loi sous prétexte d'une bonté mal comprise », mais à « porter un jugement équitable, qui ne soit pas tranchant comme une guillotine, mais qui laisse une porte d'entrée à la miséricorde, c'est-à-dire qui permette à l'autre – s'il est de bonne volonté – de prendre un nouveau départ ». Façon de sortir, par le haut, des débats qui traversent actuellement l'Eglise sur les questions familiales.


Source : Nicolas Sénèze – La Croix, samedi 11, dimanche 12 avril 2015, pp. 11-12. 

(1) La Miséricorde, Ed. des Béatitudes, 216 p.


La Miséricorde, c'est quoi ?


Ce dimanche 17 mars 2013, face à une place Saint Pierre bondée, le pape François apparaît pour la première fois à la fenêtre des appartements pontificaux. 


Pour son tout premier angélus, après son élection quatre jours auparavant, le nouveau pape s'exprime sur l'évangile du jour, la femme adultère, centrant son propos sur la miséricorde. « Ces derniers jours, j'ai pu lire le livre d'un cardinal sur la Miséricorde, lance-t-il à la foule. Et ce livre m'a fait beaucoup de bien ». Cet ouvrage du cardinal allemand Walter Kasper, qui sort ces jours-ci en français (1), l'a accompagné tout au long du conclave qui vient de l'élire. « Un peu de miséricorde rend le monde moins froid et plus juste, poursuit le pape. Nous avons besoin de bien comprendre cette miséricorde de Dieu, ce Père miséricordieux qui a une telle patience…»

Mais qu'est-ce que la miséricorde ? « Ce thème si central dans la Bible et tellement essentiel pour le monde d'aujourd'hui est à peine mentionné dans les lexiques et manuels de théologie dogmatique », regrette le cardinal Kasper. Or, pour l'ancien professeur de dogmatique à Tübingen, devenu président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens sous Jean-Paul II, la miséricorde est pourtant « l'attribut divin qui occupe la première place », « l'expression de l'être même de Dieu qui est Amour », qui « exprime l'être de Dieu qui se penche avec bienveillance sur les hommes et sur le monde ». « Saint Augustin définissait la miséricorde comme le cœur compatissant pour la misère d'autrui et les moyens pour essayer d'y subvenir » avance Mgr Albert-Marie de Monléon, ancien évêque de Meaux, qui promeut depuis 2008 en France des congrès de la Miséricorde pour sensibiliser les fidèles à ce thème. « En reprenant ce qu'en disaient Sœur Faustine et Jean-Paul II, je la vois comme l'amour en acte pour mettre un arrêt au mal, continue-t-il. C'est loin d'être quelque chose de lénifiant : cela implique qu'on s'engage. » Mgr de Monléon regrette que la miséricorde ait longtemps été cantonnée dans des pratiques purement dévotionnelles. « De très belles choses, reconnaît-il, mais ce n'est pas suffisant. »


Le mot latin misericordia signifie littéralement : « avoir son cœur (cor) auprès des pauvres (miseri) ; avoir un cœur qui bat pour les pauvres », rappelle le cardinal Kasper. L'Eglise a longtemps promu les « œuvres de miséricorde » : le langage peut paraître désuet, mais il recouvre des choses très concrètes : nourrir les affamés, abreuver les assoiffés, vêtir les personnes nues, accueillir les étrangers, les pèlerins et les gens dans le besoin, visiter les malades, annoncer la Bonne Nouvelle aux prisonniers et aux captifs, enterrer les morts… « C'est le bon Samaritain qui se bouge pour venir en aide à celui qui est tombé aux mains des brigands », résume Mgr de Monléon qui insiste sur la dimension d'annonce de la Parole : « Pris aux entrailles » pour la foule, Jésus se mit d'abord à l'« enseigner longuement  » avant de la nourrir, relève-t-il.



Pour parler de la miséricorde, l'hébreu biblique emploie en effet le mot rahanim, les entrailles. Dieu lui-même se laisse remuer jusqu'aux entrailles. « Dieu est un Dieu qui voit la misère de son peuple et entend ses cris, explique le cardinal. Il n'est ni mort ni muet, il est un Dieu vivant qui se préoccupe de la détresse de l'homme, qui parle, agit et intervient, qui sauve et délivre. » Malheureusement, l'idée de miséricorde laisse aujourd'hui l'image d'un compassionnel distant. « Les mots compassion et miséricorde ont beau être complètement passés de mode, la réalité et les comportements qui en découlent ne le sont pas, souligne pourtant le cardinal Kasper. La compassion – ou, comme on préfère l'appeler, l'empathie – est devenue dans la psychologie et la psychothérapie modernes, en pédagogie, en sociologie et en pastorale le nouveau paradigme important. »

C'est tout le sens de l'Année de la miséricorde annoncée par la pape François qui ne cesse d'appeler l'Eglise à être un « hôpital de campagne après la bataille ». « La critique la plus grave qui puisse atteindre l'Eglise est le reproche que souvent, apparemment, peu d'actes suivent ses paroles, qu'elle parle de la miséricorde de Dieu alors que beaucoup la perçoivent comme rigoriste, dure et sans miséricorde », insiste le cardinal Kasper. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si cette année jubilaire coïncide avec les 50 ans de la clôture du concile Vatican II que Jean XXIII avait ouvert en soulignant que l'Eglise préfère « recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité ».

« Pratiquer une miséricorde sans vérité manquerait d'honnêteté ; cela n'apporterait qu'une bien piètre consolation et ne serait finalement qu'un vain bavardage », met néanmoins en garde la cardinal Kasper regrettant que le mot miséricorde soit employé aujourd'hui « pour désigner une pastorale et spiritualité 'soft' ou une latitude laxiste, sans effet ni consistance ». S'appuyant sur saint Thomas d'Aquin pour qui « la justice sans la miséricorde n'est que cruauté, la miséricorde sans la justice est mère de la débauche » il appelle donc l'Eglise à ne « pas détourner le sens objectif de la loi sous prétexte d'une bonté mal comprise », mais à « porter un jugement équitable, qui ne soit pas tranchant comme une guillotine, mais qui laisse une porte d'entrée à la miséricorde, c'est-à-dire qui permette à l'autre – s'il est de bonne volonté – de prendre un nouveau départ ». Façon de sortir, par le haut, des débats qui traversent actuellement l'Eglise sur les questions familiales.


Source : Nicolas Sénèze – La Croix, samedi 11, dimanche 12 avril 2015, pp. 11-12. 

(1) La Miséricorde, Ed. des Béatitudes, 216 p.


 
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