Congrès Miséricorde France

"La Miséricorde de Dieu est pour tous" - Pape François

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Jean-paul II Des membres du Relais Saint Martin  à la rencontre de notre bon pape François
Un écho de Fratello, du 11 au 13 novembre 2016, à Rome

A l’invitation du pape, près de 3500 personnes en situation de précarité ou d’exclusion se sont rendues à Rome pour participer au grand jubilé de la Miséricorde avec Fratello.  www.fratello.org

Le Relais Saint Martin a été sollicité pour y participer avec quelques membres. Le coût était non négligeable pour des personnes vivant seulement du RSA ou d’une pension d’adulte handicapé. La participation financière de chacun économisée au fil des mois, un don providentiel de 1500€, un coup de pouce de l’association des amis du Relais saint Martin … et cela devenait envisageable de nous y rendre. Nous sommes partis à 9 : Alfred, Carol, Corinne, Francis, Josélito, Marie France, Marie Thérèse, Thérèse et Thierry.

Nous partons le 10 novembre, la veille du rassemblement. Après un voyage en avion - une grande première pour deux d’entre nous - nous arrivons à l’aéroport Ciampino et le temps de trouver un car nous retrouvons Marie-Cécile Dugué qui nous attend à la gare Termini.

« Quelle joie de voir enfin une française, car on n’était pas rendu avec Corinne. On voyait bien que derrière son sourire elle était complètement paumée dans Rome. »  Marie-Cécile a bien fait les choses en repérant un petit restau où nous nous sommes régalés d’une bonne part de pizza. « l’Italie, je crois que je vais aimer ça ! » répète Thierry qui apprécie ce déjeuner.

Marie-Cécile a acheté pour tout le groupe ce qu’il faut pour les petits déjeuners. Elle a fait la queue pour récupérer tous nos sacs à dos avec les badges, les foulards et le petit guide… Quelques-uns d’entre nous la connaissent déjà grâce aux Congrès de la Miséricorde. En effet,  nous nous étions déjà retrouvés en août 2015, à Lourdes, pour le 4e congrès national de la Miséricorde, puis à Rome, pour le Congrès européen et le Jubilé de la Miséricorde, le dimanche de la Divine Miséricorde, début avril 2016.

Au débriefing le soir, nous partageons nos attentes, joies, peines, nos premières impressions… L’étonnement est général quand Marie-Cécile partage avec une grande simplicité son appel à la vie consacrée. Etonnement, admiration, questionnement sur cet appel particulier pour Marie-Cécile.  « Mais si Dieu l’a appelée, tu crois qu’Il peut m’appeler aussi ? » Discussion sur l’appel de Dieu dans la vie de chacun. « C’est beau ça ! Et s'Il m’appelle, c’est que j’ai donc de l’importance pour Lui ! » M.F

Il faut savoir que Marie-Cécile a tout dans la tête. Ayant l’habitude d’organiser des grands rassemblements elle sait qu’elle doit anticiper, aussi la veille de chaque journée elle sait à quelle heure on doit partir, les transports à prendre, les endroits où manger, les coins à visiter, les lieux de la messe en Français. Elle a fait l’admiration de chacun ! « D’autant plus qu’en italien, elle assure grave ! »

VENDREDI 11 NOVEMBRE :   DIEU CONSOLE




En ce 11 novembre, en prenant notre premier petit déjeuner italien nous n'oublions pas que c'est la FETE DE LA SAINT MARTIN : Le saint patron de notre paroisse et des membres du Relais Saint Martin !
Nous arrivons bien à l’avance, place Saint Pierre. Avec le lever du soleil, et la tasse de café bien chaud grâce aux thermos que nous avons pris avec nous, le moral est au beau fixe. La place s'anime avec l’arrivée des gardes suisses en tenue d’apparat, des carabinieri et des volontaires.

Une silhouette bien connue s'approche de nous, c'est Gregory Turpin que nous avions invité à la paroisse de l'Isle Adam, le 30 septembre 2016 et revu le lendemain à Paris, lors de notre témoignage au Congrès Mission. Joie des retrouvailles, embrassades, photo souvenir avec lui.
Arrivés tôt, nous rentrons les premiers, dans la grande salle Paul VI. Une bénévole de Fratello amène notre groupe au premier rang, en face du fauteuil du pape. Avant l’arrivée du pape François, nous entendons quelques témoignages, une chorale « au clair de la rue », saluons  le Père Nicolas Buttet et le Cardinal Barbarin.  En l’honneur de la Saint Martin, le Cardinal Barbarin nous bénit et est pris en photo avec nous tous.

L’Eglise du Christ se donne à voir dans ce tout ce qui fait sa beauté ! Une Eglise joyeuse, une Eglise faite de frères s’accueillant tels qu’ils sont, une Eglise vivant de l’Evangile où la place du pauvre, du petit, du fragile, du cabossé était à la première place, une Eglise qui relève par l’intermédiaire de regards, de paroles et de gestes.

La salle se remplit très vite des 3500 participants. L’émotion est à son comble quand le Pape arrive par le fond de la salle. Autour de nous, les cous se tordent pour apercevoir sa silhouette qui progressivement descend l’allée. Le pape passe juste devant nous. Après son passage, regardant Carol je la vois, les yeux rougis. A ma question : « ça va Carol ? », elle répond avec une voix bouleversée : « J’ai senti l’Amour qui passait ! ».

Le pape monte  sur le podium où l’attend un petit groupe de personnes représentant les personnes en situation de précarité, rassemblées pour Fratello - trois jours de Joie et de Miséricorde. Lors de son discours d’accueil, le Cardinal Barbarin propose au Saint Père que quelques personnes puissent prier pour lui, s'il l'accepte, à la fin de la rencontre, pour le soutenir dans sa lourde tâche.

Après le  témoignage de Christian et de Robert, anciens de la rue, et celui de Benjamin, fondateur de l'Association Lazare et du rassemblement Fratello, le pape François donne sa catéchèse.

Ses paroles rejoignent en profondeur plusieurs d’entre nous :
« Seul celui qui sent qu’il lui manque quelque chose, regarde vers le haut et rêve ; celui qui a tout ne peut pas rêver ! Les gens, les simples, suivaient Jésus parce qu’ils rêvaient qu’Il les guérirait, leur ferait du bien et ils le suivaient et Lui les libérait. Des hommes et des femmes avec des passions et des rêves. Enseignez à nous tous qui avons un toit, de la nourriture et des médicaments, enseignez-nous à ne pas être satisfaits. Avec vos rêves, enseignez-nous à rêver, enseignez-nous à rêver à partir de l’Évangile, là où vous êtes, au cœur de l’Évangile »
Il  encourage à la solidarité entre nous : « Pour beaucoup d’entre vous la vie a été plus difficile que pour moi-même ; nous trouvons toujours quelqu’un de plus pauvre que nous. Cela aussi donne la dignité : savoir être solidaires, savoir s’aider, savoir donner la main à qui est en train de souffrir plus que moi. La capacité d’être solidaire est un des fruits que nous donne la pauvreté. Quand il y a beaucoup de richesses, on oublie d’être solidaire, parce qu’on s’est habitué au fait qu’on ne manque de rien ! Quand la pauvreté te porte parfois à souffrir, elle te rend solidaire et te fait tendre la main à celui qui vit dans une situation plus difficile que la tienne. Merci pour cet exemple que vous donnez. Enseignez la solidarité au monde !
Il  souligne la « dignité » des plus pauvres qui ont « la capacité de trouver la beauté jusque dans les choses les plus tristes et les plus douloureuses ». « Pauvres oui, misérables non ! …Pauvres oui, dominés non ! Exploités non ! ».
Il demande pardon : «  Je vous demande de m’excuser si j’ai pu parfois offenser avec mes paroles ou pour ne pas avoir dit les choses que j’aurais dû dire. » Je vous demande pardon au nom des chrétiens qui ne lisent pas les Évangiles en y trouvant la pauvreté au centre. Je vous demande pardon pour toutes les fois où nous chrétiens, devant une personne pauvre ou une situation de pauvreté, nous regardons de l’autre côté. Pardon. Votre pardon pour les hommes et les femmes d’Église qui ne veulent pas vous regarder ou n’ont pas voulu vous regarder, c’est de l’eau bénite pour nous ; c’est le grand nettoyage pour nous ; c’est nous aider à croire à nouveau que le cœur de l’Évangile c’est la pauvreté comme grand message, et que nous – les catholiques, les chrétiens, tous – nous devons former une Église pauvre pour les pauvres ; et que chaque homme et chaque femme, quelle que soit sa religion, doit voir en chaque pauvre le message de Dieu qui se fait proche et se fait pauvre pour nous accompagner dans la vie.

Avec sa grande simplicité, le pape François accepte la prière pour lui. Les personnes qui sont sur l’estrade s'approchent de lui pour poser leur main, sur telle ou telle partie de son vêtement blanc. C'est bouleversant de le voir abandonné dans la prière. Toute la salle est remplie d’un silence habité par la Présence discrète mais bien réelle de l’Esprit Saint que tous invoquent. Le Pape François remercie pour la prière : « vos mains sur ma tête me donnent la force de poursuivre ma mission. »

Puis, il nous bénit : « Que Dieu bénisse chacun d’entre vous. « Dieu, Père de nous tous, de chacun de tes fils, je te demande de nous donner la force, de nous donner la joie, de nous enseigner à regarder de l’avant, de nous enseigner à être solidaires parce que nous sommes frères et de nous aider à défendre notre dignité. Tu es le Père de chacun d’entre nous. Bénis nous, o Père. Amen. »



Il descend de l'estrade et vient au-devant des personnes malades pour les saluer, les bénir et échanger avec elles. Grande grâce ! Il est devant de nous. Quatre d’entre nous peuvent dialoguer quelques instants avec le pape. L’émotion est grande ! Si certains d’entre nous sont très émus et trop impressionnés pour bouger, d’autres comme Josélito n'hésitent pas à se lever pour se jeter dans ses bras et  l’embrasser.

En sortant de la salle Paul VI, nous pique-niquons et échangeons nos impressions sur ce que nous venons de vivre :
« je ne sais pas ce qui m’a pris mais j’ai eu envie de lui sauter au cou et de l’embrasser »,
« moi, j’étais trop impressionnée, je me suis contentée de lui sourire quand il m’a pris la main »,
« moi je me suis accrochée à lui, quand il m’a pris la main j’ai mis l’autre sur nos mains et nous avons échangé un regard qui en disait long, dans son regard de la tendresse, de la compassion… »,
« il m’a demandé de prier pour lui quand on s’est parlé… »


La demande de pardon du Pape, lors de son discours, a tout spécialement touché ceux qui parmi nous ont été durablement blessés par tel ou tel geste ou parole de paroissiens. Effectivement, des personnes vivant dehors et rentrant dans une église ont pu entendre des phrases comme « C’est pas un endroit pour vous ! » « Vous allez tout salir ! » « Qu’est-ce que vous faites là ? ». Malheureux sommes-nous si volontairement ou involontairement, nous blessons un de ces petits car ainsi c’est Dieu lui-même que nous blessons, insultons, humilions… Cette demande de pardon au nom de tous ces chrétiens-là a pu consoler des cœurs blessés.

Le vendredi après-midi, visite de la basilique Saint Pierre et film sur le  pape Francois, à l’institut Français, près du Séminaire Français. Le film montre qu'avant d’être nommé pape, François était déjà rempli d’une grande simplicité, humilité et bonté.  Après Jean-Paul II et Benoit XVI qui ont marqué ces dernières dizaines d’années, l’Esprit Saint a choisi François pour conduire son peuple et donner à voir une autre facette à notre Eglise, une Eglise de pauvres pour les pauvres.

Ensuite, messe, à 19h, à Saint Louis des Français ; le Père François Bousquet originaire de notre diocèse mais travaillant à Rome nous salue joyeusement.

SAMEDI 12 NOVEMBRE : DIEU PARDONNE


Nous avons rendez-vous à l’église des douze Apôtres. Le Père Nicolas Butet nous parle et donne des multiples petits témoignages sur la Miséricorde de Dieu.
- Le roi demande au mendiant étonné « qu’as-tu à me donner ? »
- L’Amour de Dieu peut transformer ma misère en royaume des cieux.
- Ne restez pas  enfermés sur votre péché et votre  vie passée et à regarder toujours dans le rétroviseur (sauf si c’est pour voir l’œuvre de Dieu dans notre vie et en rendre grâce) MAIS allez de l’avant.
- L’histoire des deux cruches, l’une est belle et neuve, alors que l’autre est fêlée et perd de l’eau goutte à goutte, mais c’est bien cette dernière qui a permis la floraison des fleurs sur le chemin.
- Le récit d'un homme qui veut revenir chez ses parents après des années d’errance. Il leur a écrit  en leur demandant de mettre un jour précis une écharpe blanche sur le pommier du jardin pour qu'il sache s’ils sont d’accord qu’il revienne à la maison. En fait, quand il passe devant la maison, c’est tout le pommier qui est recouvert d’écharpes blanches !
« Moi je pleurais quand il a raconté cette histoire et je voyais que je n’étais pas le seul »
« J’ai réalisé que c’était comme ça que Dieu m’attend. Certains savent que j’ai fait une grosse connerie il y a si longtemps. Ca me pèse vraiment sur la conscience, quand j’y pense je peux plus dormir.  Je suis allé à confesse plusieurs fois mais je n’ai jamais osé en parler à un prêtre de ce qui me hante alors je parle que de broutilles. Pourtant je crois qu’un jour le prêtre il m’a grillé car il me demandait en insistant   « y a pas autre chose ? » alors je suis sorti aussitôt de la boite (confessionnal) presque en courant car j’avais peur qu’il appelle les flics. J’étais très triste en partant comme si j’avais raté un rendez-vous ! Cette histoire du pommier m’a bouleversé et je crois que j’ai compris que Dieu ce qu’il veut c’est que je revienne vers lui alors peut être que ce soir je vais franchir le pas »


Après Nicolas Buttet, Gilles Rebêche, diacre du diocèse du Var, lit l’Evangile de la femme adultère et nous sommes invités à partager par petits groupes sur ce passage d’Evangile et sur la conférence de Nicolas Buttet. Ce temps de partage est très beau, chacun présentant aux autres avec ses joies, ses pauvretés, ses attentes.
« dans mon groupe, on s’est confié des choses importantes et y en a un qui a dit qu’on devait continuer de prier pour les gens de notre groupe. Je n’ai pas l’habitude de prier pour les autres mais je crois que je vais le faire car on l’a promis »
« moi, je ne connaissais pas ce texte sur la femme qui avait trompé son mari. Pourquoi y a qu'elle qui a été condamnée ? »


Ensuite, c'est la messe présidée par Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, en présence de deux autres évêques et de nombreux prêtres francophones. Les reliques de Saint François d’Assise sont présentes ; occasion de parler de la vie de Saint François d’Assise et du culte des reliques.

Après la bénédiction finale, les trois évêques et tous les prêtres s'agenouillent devant l’autel pour que nous priions tous pour eux en imposant les mains sur leur tête ou leur épaule, tout en priant silencieusement.

En sortant, beaucoup de questions de personnes de notre groupe sur la confession. L’une d’entre nous dit : « c’est comme un enfant à la piscine. Y’a son père qui lui dit de le rejoindre dans la piscine en sautant dans l’eau mais cet enfant il a peur. Pourtant le plus simple, c’est de ne pas réfléchir, il faut sauter en sachant qu’après tu seras tout propre et que tu n’as rien à craindre car tu vas vers papa, t’as qu’à lui tendre les bras, c’est lui qui te rattrapera pour te sortir de l’eau et te sauver. Tu peux lui faire confiance »

L'après-midi, nous nous rendons à la basilique Saint Paul hors les murs. Hélena, l'une des filles d'Albina, guide des rencontres romaines, nous permet de découvrir cette magnifique basilique. Nous avons la joie de passer la Porte Sainte de la Miséricorde et de retrouver Baptiste, séminariste de la paroisse de l'Isle-Adam qui finit son séminaire à Rome.     
                    


C'est le temps de la très belle procession aux flambeaux. Les pèlerins défilent, dans les jardins de la basilique Saint Paul hors les murs, avant la grande veillée miséricorde présidée par le Cardinal Philippe Barbarin. Chants, témoignages de quelques pèlerins racontant leurs souffrances mais aussi leur espérance. Adoration eucharistique.



Le Cardinal Barbarin nous exhorte :
- La pauvreté c’est beau, la misère c'est une catastrophe.
- C'est important de défendre la dignité de la personne.
- Le pape ne peut rien faire tout seul – « j’ai besoin de vous pour faire la paix » nous a t’il dit.
- Le pape nous a demandé pardon. Avons-nous pardonné tous les gestes ou paroles blessantes ? Sinon criez vers Dieu : « je manque de force : Seigneur aide-moi ! »
- « Laissez le Christ vous réconcilier » nous supplie le pape « parce que j’ai besoin de vous » !
- Chacun est invité à aller goûter à la Miséricorde du Père en allant rencontrer un prêtre pour recevoir le sacrement de réconciliation.
- Disons du fond du cœur : « Puisque tu m’appelles, puisque tu as besoin de moi je vais demander pardon. Car je suis d’accord pour t’aider à annoncer à tous que Jésus les aime »

Que de merveilles dans les cœurs ! De très nombreuses personnes se confessent, parfois pour la première fois. Dans notre groupe, certains se sont confessés après plusieurs dizaines d’années. Joie des cœurs réconciliés, sourire de ceux qui se savent aimés infiniment.
« alors ta connerie tu as pu la dire au prêtre ? »  … « oui, et finalement il n’a pas crié sur moi ou sauté en l’air.  Il m’a donné un truc à faire pour réparer. Ca va pas être facile mais c’est juste ! Je me sens tout léger maintenant et tellement heureux dans mon coeur »

Après la célébration, retrouvailles avec Charles Thierry qui est à Rome pour finir ses études au séminaire, après un temps de découverte du ministère de prêtre dans notre paroisse de l'Isle Adam.

Le retour par le métro est très joyeux et dans bon nombre de voitures de métro les rires, les chants ou les danses étonnent les habitants amusés par tous ces pèlerins un peu inhabituels. C’est dans ce métro que Marie-France fait une belle affirmation de sa foi et de son désir profond d’union à Jésus : Elle se met à genoux en disant : « Je donne ma vie pour le Christ ! Je suis à Lui maintenant ».      
     
La fin du voyage vers notre logement est silencieuse, chacun intériorisant ce qu’il a vécu depuis le matin : toutes ces paroles entendues sur les pardons à donner et à recevoir, toutes les rencontres, toutes les paroles échangées… Mais surtout l'apothéose : la grande veillée de la Miséricorde avec le sacrement de réconciliation demandé et reçu.

Dans les yeux de plusieurs d’entre nous, une nouvelle lumière semble apparaitre, lumière de ceux qui viennent de faire une rencontre, La Rencontre avec la Miséricorde infinie du Père. Joie indicible ou exprimée qui donne envie à ceux qui n'ont pas osé ce samedi,  de franchir le pas pour demander le sacrement de réconciliation.


DIMANCHE 13 NOVEMBRE :  DIEU ESPERE


Départ aux aurores vers la place Saint Pierre pour assister à la messe dominicale à la Basilique Saint Pierre présidée par le Saint Père. Joie d'être au premier rang dans la Basilique.



Les personnes en précarité sont à l’honneur : premiers rangs, participation pendant la messe : lectures, procession des offrandes, porte cierges… Là encore, nous réalisons ce qu’est réellement l’Eglise : une église où les pauvres les petits ont toute leur place. Puissent toutes nos paroisses vivre cette option préférentielle pour les personnes en situation de pauvreté !

Les paroles du Pape durant son homélie nous rejoignent :

Presque tout en ce monde passe, comme l’eau qui coule ; mais il y a de précieuses réalités qui demeurent, comme une pierre précieuse sur le tamis. Qu’est-ce qui reste, qu’est-ce qui a de la valeur dans la vie, quelles richesses ne s’évanouissent pas ? Sûrement deux : le Seigneur et le prochain. Voilà les plus grands biens à aimer. Tout le reste – le ciel, la terre, les choses les plus belles, même cette Basilique – passe, mais nous ne devons pas exclure de notre vie Dieu et les autres.

Aujourd’hui, chers et sœurs, c’est votre jubilé, et par votre présence, vous nous aidez à nous harmoniser sur la longueur d’onde de Dieu, à regarder ce que lui regarde : il ne s’arrête pas à l’apparence (cf. 1 Sam 16, 7), mais dirige son regard vers « le pauvre, celui qui a l’esprit abattu » (Is 66, 2), vers les nombreux pauvres Lazare d’aujourd’hui. Que cela nous fait mal de feindre de ne pas apercevoir Lazare qui est exclu et rejeté (cf. Lc 16, 19-21) ! C’est tourner le dos à Dieu. C’est un symptôme de sclérose spirituelle lorsque l’intérêt se concentre sur les choses à produire plutôt que sur les personnes à aimer. Ainsi naît la contradiction tragique de nos temps : plus augmentent le progrès et les possibilités, ce qui est un bien, plus il y a de gens qui ne peuvent pas y accéder. C’est une grande injustice qui doit nous préoccuper, beaucoup plus que de savoir quand et comment il y aura la fin du monde. En effet, on ne peut pas rester tranquille chez soi tandis que Lazare se trouve à la porte ; il n’y a pas de paix chez celui qui vit bien, lorsque manque la justice dans la maison de tout le monde.


Après cette magnifique Messe, après-midi détente dans Rome avec quelques visites incontournables : place Navone, Fontaine de Trevi…


LUNDI 14 NOVEMBRE : ENVOI


Marie-Cécile part tôt et discrètement pour se rendre à l’aéroport. De notre côté, nous avons un peu plus de temps aussi nous prenons un long temps d’action de grâce à la chapelle pour remercier le Seigneur pour tout ce qui a été vécu.


Chacun peut dire ce qui l'a le plus touché :
« quand j’ai été me laver à la piscine » (la confession) ; le pape François, sa demande de pardon, le fait qu’il accepte qu’on le touche et prie pour lui, « ici on s’est senti important » ; la joie de tous les pèlerins en contraste avec les italiens qui faisaient la tête (« eux ils n’ont rien compris »), « celui qui était en rouge (Cardinal Barbarin) quand il parle à quelqu’un, il s’intéresse vraiment à lui, il l’écoute vraiment »  

Ce qu'il porte en partant de Rome :« le pape a dit qu’il a besoin de nous, c’est beau ça, car moi j’ai l’impression qu’on n’a pas vraiment besoin de moi pour faire des choses importantes », « j’ai compris que Dieu s’en fout un peu de mes conn…ce qu’il veut c’est que je revienne vers Lui, c’est ce qui compte… », « le pape il a dit qu’on était la richesse de l’Eglise, nous les pauvres alors pourquoi il le dit à nous mais pas à tout le monde, il faut que tous les cathos ils entendent ça , car on nous prend souvent pour de la m…! »

Le pas à faire   « j’ai pas osé voir le prêtre pour me confesser  mais je sais que faut que j’y aille en
rentrant », « je dois aller voir mes parents que je n’ai pas vu depuis plus de 20 ans » , « il y a des choses que je ne dois plus faire en rentrant mais ça va être difficile », « je dois arriver maintenant à me pardonner mais c’est ça qui va être le plus difficile », «  j’ai promis à Dieu que j’allais le prier un peu tous les jours »

Chacun exprime au Seigneur ses remerciements pour le pape François, les paroles entendues, les gestes fraternels entre nous, la Misericorde accueillie, la disponibilité de Marie Cécile…
Nous avons bien l’intention de témoigner de ce que le Seigneur avait mis dans nos cœurs tout au long de ces quelques jours et surtout d’en vivre !
Corinne Caumartin
Pour le Relais Saint Martin de l’Isle Adam

Photos : Corinne Caumartin et Laëtitia Striffling


Jean-paul II Des membres du Relais Saint Martin  à la rencontre de notre bon pape François
Un écho de Fratello, du 11 au 13 novembre 2016, à Rome

A l’invitation du pape, près de 3500 personnes en situation de précarité ou d’exclusion se sont rendues à Rome pour participer au grand jubilé de la Miséricorde avec Fratello.  www.fratello.org

Le Relais Saint Martin a été sollicité pour y participer avec quelques membres. Le coût était non négligeable pour des personnes vivant seulement du RSA ou d’une pension d’adulte handicapé. La participation financière de chacun économisée au fil des mois, un don providentiel de 1500€, un coup de pouce de l’association des amis du Relais saint Martin … et cela devenait envisageable de nous y rendre. Nous sommes partis à 9 : Alfred, Carol, Corinne, Francis, Josélito, Marie France, Marie Thérèse, Thérèse et Thierry.

Nous partons le 10 novembre, la veille du rassemblement. Après un voyage en avion - une grande première pour deux d’entre nous - nous arrivons à l’aéroport Ciampino et le temps de trouver un car nous retrouvons Marie-Cécile Dugué qui nous attend à la gare Termini.

« Quelle joie de voir enfin une française, car on n’était pas rendu avec Corinne. On voyait bien que derrière son sourire elle était complètement paumée dans Rome. »  Marie-Cécile a bien fait les choses en repérant un petit restau où nous nous sommes régalés d’une bonne part de pizza. « l’Italie, je crois que je vais aimer ça ! » répète Thierry qui apprécie ce déjeuner.

Marie-Cécile a acheté pour tout le groupe ce qu’il faut pour les petits déjeuners. Elle a fait la queue pour récupérer tous nos sacs à dos avec les badges, les foulards et le petit guide… Quelques-uns d’entre nous la connaissent déjà grâce aux Congrès de la Miséricorde. En effet,  nous nous étions déjà retrouvés en août 2015, à Lourdes, pour le 4e congrès national de la Miséricorde, puis à Rome, pour le Congrès européen et le Jubilé de la Miséricorde, le dimanche de la Divine Miséricorde, début avril 2016.

Au débriefing le soir, nous partageons nos attentes, joies, peines, nos premières impressions… L’étonnement est général quand Marie-Cécile partage avec une grande simplicité son appel à la vie consacrée. Etonnement, admiration, questionnement sur cet appel particulier pour Marie-Cécile.  « Mais si Dieu l’a appelée, tu crois qu’Il peut m’appeler aussi ? » Discussion sur l’appel de Dieu dans la vie de chacun. « C’est beau ça ! Et s'Il m’appelle, c’est que j’ai donc de l’importance pour Lui ! » M.F

Il faut savoir que Marie-Cécile a tout dans la tête. Ayant l’habitude d’organiser des grands rassemblements elle sait qu’elle doit anticiper, aussi la veille de chaque journée elle sait à quelle heure on doit partir, les transports à prendre, les endroits où manger, les coins à visiter, les lieux de la messe en Français. Elle a fait l’admiration de chacun ! « D’autant plus qu’en italien, elle assure grave ! »

VENDREDI 11 NOVEMBRE :   DIEU CONSOLE




En ce 11 novembre, en prenant notre premier petit déjeuner italien nous n'oublions pas que c'est la FETE DE LA SAINT MARTIN : Le saint patron de notre paroisse et des membres du Relais Saint Martin !
Nous arrivons bien à l’avance, place Saint Pierre. Avec le lever du soleil, et la tasse de café bien chaud grâce aux thermos que nous avons pris avec nous, le moral est au beau fixe. La place s'anime avec l’arrivée des gardes suisses en tenue d’apparat, des carabinieri et des volontaires.

Une silhouette bien connue s'approche de nous, c'est Gregory Turpin que nous avions invité à la paroisse de l'Isle Adam, le 30 septembre 2016 et revu le lendemain à Paris, lors de notre témoignage au Congrès Mission. Joie des retrouvailles, embrassades, photo souvenir avec lui.
Arrivés tôt, nous rentrons les premiers, dans la grande salle Paul VI. Une bénévole de Fratello amène notre groupe au premier rang, en face du fauteuil du pape. Avant l’arrivée du pape François, nous entendons quelques témoignages, une chorale « au clair de la rue », saluons  le Père Nicolas Buttet et le Cardinal Barbarin.  En l’honneur de la Saint Martin, le Cardinal Barbarin nous bénit et est pris en photo avec nous tous.

L’Eglise du Christ se donne à voir dans ce tout ce qui fait sa beauté ! Une Eglise joyeuse, une Eglise faite de frères s’accueillant tels qu’ils sont, une Eglise vivant de l’Evangile où la place du pauvre, du petit, du fragile, du cabossé était à la première place, une Eglise qui relève par l’intermédiaire de regards, de paroles et de gestes.

La salle se remplit très vite des 3500 participants. L’émotion est à son comble quand le Pape arrive par le fond de la salle. Autour de nous, les cous se tordent pour apercevoir sa silhouette qui progressivement descend l’allée. Le pape passe juste devant nous. Après son passage, regardant Carol je la vois, les yeux rougis. A ma question : « ça va Carol ? », elle répond avec une voix bouleversée : « J’ai senti l’Amour qui passait ! ».

Le pape monte  sur le podium où l’attend un petit groupe de personnes représentant les personnes en situation de précarité, rassemblées pour Fratello - trois jours de Joie et de Miséricorde. Lors de son discours d’accueil, le Cardinal Barbarin propose au Saint Père que quelques personnes puissent prier pour lui, s'il l'accepte, à la fin de la rencontre, pour le soutenir dans sa lourde tâche.

Après le  témoignage de Christian et de Robert, anciens de la rue, et celui de Benjamin, fondateur de l'Association Lazare et du rassemblement Fratello, le pape François donne sa catéchèse.

Ses paroles rejoignent en profondeur plusieurs d’entre nous :
« Seul celui qui sent qu’il lui manque quelque chose, regarde vers le haut et rêve ; celui qui a tout ne peut pas rêver ! Les gens, les simples, suivaient Jésus parce qu’ils rêvaient qu’Il les guérirait, leur ferait du bien et ils le suivaient et Lui les libérait. Des hommes et des femmes avec des passions et des rêves. Enseignez à nous tous qui avons un toit, de la nourriture et des médicaments, enseignez-nous à ne pas être satisfaits. Avec vos rêves, enseignez-nous à rêver, enseignez-nous à rêver à partir de l’Évangile, là où vous êtes, au cœur de l’Évangile »
Il  encourage à la solidarité entre nous : « Pour beaucoup d’entre vous la vie a été plus difficile que pour moi-même ; nous trouvons toujours quelqu’un de plus pauvre que nous. Cela aussi donne la dignité : savoir être solidaires, savoir s’aider, savoir donner la main à qui est en train de souffrir plus que moi. La capacité d’être solidaire est un des fruits que nous donne la pauvreté. Quand il y a beaucoup de richesses, on oublie d’être solidaire, parce qu’on s’est habitué au fait qu’on ne manque de rien ! Quand la pauvreté te porte parfois à souffrir, elle te rend solidaire et te fait tendre la main à celui qui vit dans une situation plus difficile que la tienne. Merci pour cet exemple que vous donnez. Enseignez la solidarité au monde !
Il  souligne la « dignité » des plus pauvres qui ont « la capacité de trouver la beauté jusque dans les choses les plus tristes et les plus douloureuses ». « Pauvres oui, misérables non ! …Pauvres oui, dominés non ! Exploités non ! ».
Il demande pardon : «  Je vous demande de m’excuser si j’ai pu parfois offenser avec mes paroles ou pour ne pas avoir dit les choses que j’aurais dû dire. » Je vous demande pardon au nom des chrétiens qui ne lisent pas les Évangiles en y trouvant la pauvreté au centre. Je vous demande pardon pour toutes les fois où nous chrétiens, devant une personne pauvre ou une situation de pauvreté, nous regardons de l’autre côté. Pardon. Votre pardon pour les hommes et les femmes d’Église qui ne veulent pas vous regarder ou n’ont pas voulu vous regarder, c’est de l’eau bénite pour nous ; c’est le grand nettoyage pour nous ; c’est nous aider à croire à nouveau que le cœur de l’Évangile c’est la pauvreté comme grand message, et que nous – les catholiques, les chrétiens, tous – nous devons former une Église pauvre pour les pauvres ; et que chaque homme et chaque femme, quelle que soit sa religion, doit voir en chaque pauvre le message de Dieu qui se fait proche et se fait pauvre pour nous accompagner dans la vie.

Avec sa grande simplicité, le pape François accepte la prière pour lui. Les personnes qui sont sur l’estrade s'approchent de lui pour poser leur main, sur telle ou telle partie de son vêtement blanc. C'est bouleversant de le voir abandonné dans la prière. Toute la salle est remplie d’un silence habité par la Présence discrète mais bien réelle de l’Esprit Saint que tous invoquent. Le Pape François remercie pour la prière : « vos mains sur ma tête me donnent la force de poursuivre ma mission. »

Puis, il nous bénit : « Que Dieu bénisse chacun d’entre vous. « Dieu, Père de nous tous, de chacun de tes fils, je te demande de nous donner la force, de nous donner la joie, de nous enseigner à regarder de l’avant, de nous enseigner à être solidaires parce que nous sommes frères et de nous aider à défendre notre dignité. Tu es le Père de chacun d’entre nous. Bénis nous, o Père. Amen. »



Il descend de l'estrade et vient au-devant des personnes malades pour les saluer, les bénir et échanger avec elles. Grande grâce ! Il est devant de nous. Quatre d’entre nous peuvent dialoguer quelques instants avec le pape. L’émotion est grande ! Si certains d’entre nous sont très émus et trop impressionnés pour bouger, d’autres comme Josélito n'hésitent pas à se lever pour se jeter dans ses bras et  l’embrasser.

En sortant de la salle Paul VI, nous pique-niquons et échangeons nos impressions sur ce que nous venons de vivre :
« je ne sais pas ce qui m’a pris mais j’ai eu envie de lui sauter au cou et de l’embrasser »,
« moi, j’étais trop impressionnée, je me suis contentée de lui sourire quand il m’a pris la main »,
« moi je me suis accrochée à lui, quand il m’a pris la main j’ai mis l’autre sur nos mains et nous avons échangé un regard qui en disait long, dans son regard de la tendresse, de la compassion… »,
« il m’a demandé de prier pour lui quand on s’est parlé… »


La demande de pardon du Pape, lors de son discours, a tout spécialement touché ceux qui parmi nous ont été durablement blessés par tel ou tel geste ou parole de paroissiens. Effectivement, des personnes vivant dehors et rentrant dans une église ont pu entendre des phrases comme « C’est pas un endroit pour vous ! » « Vous allez tout salir ! » « Qu’est-ce que vous faites là ? ». Malheureux sommes-nous si volontairement ou involontairement, nous blessons un de ces petits car ainsi c’est Dieu lui-même que nous blessons, insultons, humilions… Cette demande de pardon au nom de tous ces chrétiens-là a pu consoler des cœurs blessés.

Le vendredi après-midi, visite de la basilique Saint Pierre et film sur le  pape Francois, à l’institut Français, près du Séminaire Français. Le film montre qu'avant d’être nommé pape, François était déjà rempli d’une grande simplicité, humilité et bonté.  Après Jean-Paul II et Benoit XVI qui ont marqué ces dernières dizaines d’années, l’Esprit Saint a choisi François pour conduire son peuple et donner à voir une autre facette à notre Eglise, une Eglise de pauvres pour les pauvres.

Ensuite, messe, à 19h, à Saint Louis des Français ; le Père François Bousquet originaire de notre diocèse mais travaillant à Rome nous salue joyeusement.

SAMEDI 12 NOVEMBRE : DIEU PARDONNE


Nous avons rendez-vous à l’église des douze Apôtres. Le Père Nicolas Butet nous parle et donne des multiples petits témoignages sur la Miséricorde de Dieu.
- Le roi demande au mendiant étonné « qu’as-tu à me donner ? »
- L’Amour de Dieu peut transformer ma misère en royaume des cieux.
- Ne restez pas  enfermés sur votre péché et votre  vie passée et à regarder toujours dans le rétroviseur (sauf si c’est pour voir l’œuvre de Dieu dans notre vie et en rendre grâce) MAIS allez de l’avant.
- L’histoire des deux cruches, l’une est belle et neuve, alors que l’autre est fêlée et perd de l’eau goutte à goutte, mais c’est bien cette dernière qui a permis la floraison des fleurs sur le chemin.
- Le récit d'un homme qui veut revenir chez ses parents après des années d’errance. Il leur a écrit  en leur demandant de mettre un jour précis une écharpe blanche sur le pommier du jardin pour qu'il sache s’ils sont d’accord qu’il revienne à la maison. En fait, quand il passe devant la maison, c’est tout le pommier qui est recouvert d’écharpes blanches !
« Moi je pleurais quand il a raconté cette histoire et je voyais que je n’étais pas le seul »
« J’ai réalisé que c’était comme ça que Dieu m’attend. Certains savent que j’ai fait une grosse connerie il y a si longtemps. Ca me pèse vraiment sur la conscience, quand j’y pense je peux plus dormir.  Je suis allé à confesse plusieurs fois mais je n’ai jamais osé en parler à un prêtre de ce qui me hante alors je parle que de broutilles. Pourtant je crois qu’un jour le prêtre il m’a grillé car il me demandait en insistant   « y a pas autre chose ? » alors je suis sorti aussitôt de la boite (confessionnal) presque en courant car j’avais peur qu’il appelle les flics. J’étais très triste en partant comme si j’avais raté un rendez-vous ! Cette histoire du pommier m’a bouleversé et je crois que j’ai compris que Dieu ce qu’il veut c’est que je revienne vers lui alors peut être que ce soir je vais franchir le pas »


Après Nicolas Buttet, Gilles Rebêche, diacre du diocèse du Var, lit l’Evangile de la femme adultère et nous sommes invités à partager par petits groupes sur ce passage d’Evangile et sur la conférence de Nicolas Buttet. Ce temps de partage est très beau, chacun présentant aux autres avec ses joies, ses pauvretés, ses attentes.
« dans mon groupe, on s’est confié des choses importantes et y en a un qui a dit qu’on devait continuer de prier pour les gens de notre groupe. Je n’ai pas l’habitude de prier pour les autres mais je crois que je vais le faire car on l’a promis »
« moi, je ne connaissais pas ce texte sur la femme qui avait trompé son mari. Pourquoi y a qu'elle qui a été condamnée ? »


Ensuite, c'est la messe présidée par Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, en présence de deux autres évêques et de nombreux prêtres francophones. Les reliques de Saint François d’Assise sont présentes ; occasion de parler de la vie de Saint François d’Assise et du culte des reliques.

Après la bénédiction finale, les trois évêques et tous les prêtres s'agenouillent devant l’autel pour que nous priions tous pour eux en imposant les mains sur leur tête ou leur épaule, tout en priant silencieusement.

En sortant, beaucoup de questions de personnes de notre groupe sur la confession. L’une d’entre nous dit : « c’est comme un enfant à la piscine. Y’a son père qui lui dit de le rejoindre dans la piscine en sautant dans l’eau mais cet enfant il a peur. Pourtant le plus simple, c’est de ne pas réfléchir, il faut sauter en sachant qu’après tu seras tout propre et que tu n’as rien à craindre car tu vas vers papa, t’as qu’à lui tendre les bras, c’est lui qui te rattrapera pour te sortir de l’eau et te sauver. Tu peux lui faire confiance »

L'après-midi, nous nous rendons à la basilique Saint Paul hors les murs. Hélena, l'une des filles d'Albina, guide des rencontres romaines, nous permet de découvrir cette magnifique basilique. Nous avons la joie de passer la Porte Sainte de la Miséricorde et de retrouver Baptiste, séminariste de la paroisse de l'Isle-Adam qui finit son séminaire à Rome.     
                    


C'est le temps de la très belle procession aux flambeaux. Les pèlerins défilent, dans les jardins de la basilique Saint Paul hors les murs, avant la grande veillée miséricorde présidée par le Cardinal Philippe Barbarin. Chants, témoignages de quelques pèlerins racontant leurs souffrances mais aussi leur espérance. Adoration eucharistique.



Le Cardinal Barbarin nous exhorte :
- La pauvreté c’est beau, la misère c'est une catastrophe.
- C'est important de défendre la dignité de la personne.
- Le pape ne peut rien faire tout seul – « j’ai besoin de vous pour faire la paix » nous a t’il dit.
- Le pape nous a demandé pardon. Avons-nous pardonné tous les gestes ou paroles blessantes ? Sinon criez vers Dieu : « je manque de force : Seigneur aide-moi ! »
- « Laissez le Christ vous réconcilier » nous supplie le pape « parce que j’ai besoin de vous » !
- Chacun est invité à aller goûter à la Miséricorde du Père en allant rencontrer un prêtre pour recevoir le sacrement de réconciliation.
- Disons du fond du cœur : « Puisque tu m’appelles, puisque tu as besoin de moi je vais demander pardon. Car je suis d’accord pour t’aider à annoncer à tous que Jésus les aime »

Que de merveilles dans les cœurs ! De très nombreuses personnes se confessent, parfois pour la première fois. Dans notre groupe, certains se sont confessés après plusieurs dizaines d’années. Joie des cœurs réconciliés, sourire de ceux qui se savent aimés infiniment.
« alors ta connerie tu as pu la dire au prêtre ? »  … « oui, et finalement il n’a pas crié sur moi ou sauté en l’air.  Il m’a donné un truc à faire pour réparer. Ca va pas être facile mais c’est juste ! Je me sens tout léger maintenant et tellement heureux dans mon coeur »

Après la célébration, retrouvailles avec Charles Thierry qui est à Rome pour finir ses études au séminaire, après un temps de découverte du ministère de prêtre dans notre paroisse de l'Isle Adam.

Le retour par le métro est très joyeux et dans bon nombre de voitures de métro les rires, les chants ou les danses étonnent les habitants amusés par tous ces pèlerins un peu inhabituels. C’est dans ce métro que Marie-France fait une belle affirmation de sa foi et de son désir profond d’union à Jésus : Elle se met à genoux en disant : « Je donne ma vie pour le Christ ! Je suis à Lui maintenant ».      
     
La fin du voyage vers notre logement est silencieuse, chacun intériorisant ce qu’il a vécu depuis le matin : toutes ces paroles entendues sur les pardons à donner et à recevoir, toutes les rencontres, toutes les paroles échangées… Mais surtout l'apothéose : la grande veillée de la Miséricorde avec le sacrement de réconciliation demandé et reçu.

Dans les yeux de plusieurs d’entre nous, une nouvelle lumière semble apparaitre, lumière de ceux qui viennent de faire une rencontre, La Rencontre avec la Miséricorde infinie du Père. Joie indicible ou exprimée qui donne envie à ceux qui n'ont pas osé ce samedi,  de franchir le pas pour demander le sacrement de réconciliation.


DIMANCHE 13 NOVEMBRE :  DIEU ESPERE


Départ aux aurores vers la place Saint Pierre pour assister à la messe dominicale à la Basilique Saint Pierre présidée par le Saint Père. Joie d'être au premier rang dans la Basilique.



Les personnes en précarité sont à l’honneur : premiers rangs, participation pendant la messe : lectures, procession des offrandes, porte cierges… Là encore, nous réalisons ce qu’est réellement l’Eglise : une église où les pauvres les petits ont toute leur place. Puissent toutes nos paroisses vivre cette option préférentielle pour les personnes en situation de pauvreté !

Les paroles du Pape durant son homélie nous rejoignent :

Presque tout en ce monde passe, comme l’eau qui coule ; mais il y a de précieuses réalités qui demeurent, comme une pierre précieuse sur le tamis. Qu’est-ce qui reste, qu’est-ce qui a de la valeur dans la vie, quelles richesses ne s’évanouissent pas ? Sûrement deux : le Seigneur et le prochain. Voilà les plus grands biens à aimer. Tout le reste – le ciel, la terre, les choses les plus belles, même cette Basilique – passe, mais nous ne devons pas exclure de notre vie Dieu et les autres.

Aujourd’hui, chers et sœurs, c’est votre jubilé, et par votre présence, vous nous aidez à nous harmoniser sur la longueur d’onde de Dieu, à regarder ce que lui regarde : il ne s’arrête pas à l’apparence (cf. 1 Sam 16, 7), mais dirige son regard vers « le pauvre, celui qui a l’esprit abattu » (Is 66, 2), vers les nombreux pauvres Lazare d’aujourd’hui. Que cela nous fait mal de feindre de ne pas apercevoir Lazare qui est exclu et rejeté (cf. Lc 16, 19-21) ! C’est tourner le dos à Dieu. C’est un symptôme de sclérose spirituelle lorsque l’intérêt se concentre sur les choses à produire plutôt que sur les personnes à aimer. Ainsi naît la contradiction tragique de nos temps : plus augmentent le progrès et les possibilités, ce qui est un bien, plus il y a de gens qui ne peuvent pas y accéder. C’est une grande injustice qui doit nous préoccuper, beaucoup plus que de savoir quand et comment il y aura la fin du monde. En effet, on ne peut pas rester tranquille chez soi tandis que Lazare se trouve à la porte ; il n’y a pas de paix chez celui qui vit bien, lorsque manque la justice dans la maison de tout le monde.


Après cette magnifique Messe, après-midi détente dans Rome avec quelques visites incontournables : place Navone, Fontaine de Trevi…


LUNDI 14 NOVEMBRE : ENVOI


Marie-Cécile part tôt et discrètement pour se rendre à l’aéroport. De notre côté, nous avons un peu plus de temps aussi nous prenons un long temps d’action de grâce à la chapelle pour remercier le Seigneur pour tout ce qui a été vécu.


Chacun peut dire ce qui l'a le plus touché :
« quand j’ai été me laver à la piscine » (la confession) ; le pape François, sa demande de pardon, le fait qu’il accepte qu’on le touche et prie pour lui, « ici on s’est senti important » ; la joie de tous les pèlerins en contraste avec les italiens qui faisaient la tête (« eux ils n’ont rien compris »), « celui qui était en rouge (Cardinal Barbarin) quand il parle à quelqu’un, il s’intéresse vraiment à lui, il l’écoute vraiment »  

Ce qu'il porte en partant de Rome :« le pape a dit qu’il a besoin de nous, c’est beau ça, car moi j’ai l’impression qu’on n’a pas vraiment besoin de moi pour faire des choses importantes », « j’ai compris que Dieu s’en fout un peu de mes conn…ce qu’il veut c’est que je revienne vers Lui, c’est ce qui compte… », « le pape il a dit qu’on était la richesse de l’Eglise, nous les pauvres alors pourquoi il le dit à nous mais pas à tout le monde, il faut que tous les cathos ils entendent ça , car on nous prend souvent pour de la m…! »

Le pas à faire   « j’ai pas osé voir le prêtre pour me confesser  mais je sais que faut que j’y aille en
rentrant », « je dois aller voir mes parents que je n’ai pas vu depuis plus de 20 ans » , « il y a des choses que je ne dois plus faire en rentrant mais ça va être difficile », « je dois arriver maintenant à me pardonner mais c’est ça qui va être le plus difficile », «  j’ai promis à Dieu que j’allais le prier un peu tous les jours »

Chacun exprime au Seigneur ses remerciements pour le pape François, les paroles entendues, les gestes fraternels entre nous, la Misericorde accueillie, la disponibilité de Marie Cécile…
Nous avons bien l’intention de témoigner de ce que le Seigneur avait mis dans nos cœurs tout au long de ces quelques jours et surtout d’en vivre !
Corinne Caumartin
Pour le Relais Saint Martin de l’Isle Adam

Photos : Corinne Caumartin et Laëtitia Striffling


 
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