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"La Miséricorde de Dieu est pour tous" - Pape François

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billetmois2019-1

La Miséricorde Ses conséquences pour l'unité des églises

Pasteur A. von Kirchbach


« Oui, je sais, ta miséricorde m’envoie pour qu’avec le Christ, je sois le gardien de mon frère, de ma sœur, de celui qui me ressemble et de celui qui ne me ressemble pas. »


A l'approche de la Semaine de l'Unité (18-25 janvier 2019), voici un extrait d'une réflexion donnée lors d'un congrès de la Miséricorde.


…Comment tenir ensemble la confession de la toute miséricordieuse Trinité et la gestion des malentendus parmi nous ?

(…) Il me semble essentiel de retenir ceci : une nouvelle prise de conscience de la tension entre la manière de faire vis-à-vis des frères et sœurs de la grande famille chrétienne et notre confession de foi de la miséricorde divine pourrait nous aider à avancer sur le chemin vers une unité visible. En même temps notre témoignage vis-à-vis d’un monde en détresse pourrait gagner en crédibilité et en authenticité.


Une meilleure réception de ce don de Dieu qui est adressé à moi comme aux autres, peut se traduire aussi par notre manière d’être attentifs aux pauvres. Je pense par exemple au pasteur Charles Wagner qui, à Paris, organisait la distribution d’une soupe populaire chaque fois que la Sainte Cène, l’Eucharistie, avait été célébrée au temple. Pour lui, le sacrement de l’autel et le sacrement du frère étaient inséparablement liés. Il considérait comme une trahison du don de Dieu de séparer la participation aux mystères du Christ-se-donnant, nourriture pour notre foi, de l’engagement concret auprès des personnes à qui manque la nourriture quotidienne.


Dans la plupart des paroisses protestantes ce lien entre nourriture spirituelle offerte par la Parole de Dieu et les sacrements d’un côté, et l’engagement auprès des personnes en situation de détresse de l’autre, se concrétise à travers la prière et une collecte d’argent. Les offrandes recueillies lors d’un culte peuvent être destinées à la vie de l’Eglise. Mais nous avons aussi l’habitude de proposer une deuxième collecte qui doit soutenir le travail diaconal auprès des personnes en détresse. Ces personnes peuvent faire partie de la communauté locale ou non. Cette pratique s’inspire largement de la lettre de St Jacques qui dit « Si un frère ou une sœur n’ont rien à se mettre et pas de quoi manger tous les jours, et que l’un de vous leur dise ‘Allez en paix…’ sans que vous leur donniez de quoi subsister, à quoi bon ? » (Jacques 2, 15)


On peut également évoquer les convictions et le travail de l’Armée du Salut auprès des personnes qui connaissent la grande pauvreté. Le respect de ces personnes demande que nous soignions leur corps avant de parler de ce salut intérieur que le Christ apporte. La nourriture suffisante et la décence physique sont indispensables pour éveiller la faim du cœur.

Le chemin vers une unité visible entre chrétiens sera fait de petits pas, de découvertes et d’appréciations réciproques parce que nous recommençons à nous fréquenter, à porter un regard de curiosité spirituelle, de confiance et de bienveillance les uns sur les autres. Si ce qui se pratique dans une autre Eglise, était inspiré aussi par Celui-là même que j’adore et que je désire servir dans ma propre Eglise ? C’est ainsi par exemple que l’Eglise réformée de France a pris une décision liturgique importante après la réforme liturgique du concile de Vatican II : adopter le calendrier des lectures bibliques dominicales. Si bien qu’aujourd’hui en France chrétiens catholiques et protestants (réformés) se laissent interpeller, dimanche après dimanche, par les mêmes textes de la Bible, par une même Parole de Dieu.


Je prends un exemple. Rappelons-nous comment le texte de l’évangile (Mc 1, 40 – 45) nous interpelle sur notre manière de porter témoignage au Christ. ... (Un lépreux vient auprès de lui ; il le supplie et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui). 


Le drame de ce récit c’est que l’homme avec toute sa bonne volonté de dire l’action merveilleuse du Christ, provoque le contraire de ce que Jésus désire. C’est comme s’il avait passé sa lèpre à Jésus. Celui-ci désormais doit se tenir à l’écart, il ne pourra plus aller librement dans les villes et les villages s’il veut rester fidèle à la mission que le Père lui a confiée. Il fait partie des médecins sans frontières, mais son champ d’application est aussi le corps social, le corps collectif qui manifeste le péché comme problématique du monde et non seulement comme un manquement moral personnel. Mais sans s’en rendre compte l’homme guéri se met à travers de son chemin. Son discours ressemble à un « bavardage pieux » parce qu’il ne renvoie pas au mystère du Dieu invisible qui veut sauver tout son peuple à travers la conversion des cœurs et des regards.


Cet évangile nous concerne pour notre manière d’évangéliser autour de nous. Il ne suffit pas de proclamer les bienfaits de Dieu ; il ne suffit pas d’exposer aux autres quel était notre mal et comment nous avons été guéri. Cela peut éventuellement provoquer l’admiration, mais aussi le désespoir : Dieu ne s’occupe pas de moi, car moi je reste souffrant(e). L’évangélisation a besoin d’autre chose que de la seule piété et de la répétition de formules dogmatiquement justes, mais incompréhensibles dans une culture de la peur.


Par contre si le corps social qu’est l’Eglise laissait mieux transparaître comment la miséricorde nous affecte dans notre manière de vivre ensemble fraternellement dans la louange et dans la peine, dans la responsabilité civile et spirituelle, dans l’accueil mutuel sans peur devant les langues et les provenances des uns et des autres, des cultures ou des moyens économiques, alors, peut-être, le langage de Dieu deviendra compréhensible et constituera une bonne nouvelle pour ceux qui cherchent à vivre autrement.


Il me semble essentiel que nous entendions dans les Evangiles à la fois la proclamation d’une grâce qui nous est offerte personnellement, mais aussi l’interrogation qui résonne depuis les origines : « Où est ton frère ? Qu’as-tu fait ? » Que nous puissions répondre, humblement et en vérité : « oui, je sais, ta miséricorde m’envoie pour qu’avec le Christ, je sois le gardien de mon frère, de ma sœur, de celui qui me ressemble et de celui qui ne me ressemble pas. »

Pasteur A. von Kirchbach



billetmois2019-1

La Miséricorde Ses conséquences pour l'unité des églises

Pasteur A. von Kirchbach


« Oui, je sais, ta miséricorde m’envoie pour qu’avec le Christ, je sois le gardien de mon frère, de ma sœur, de celui qui me ressemble et de celui qui ne me ressemble pas. »


A l'approche de la Semaine de l'Unité (18-25 janvier 2019), voici un extrait d'une réflexion donnée lors d'un congrès de la Miséricorde.


…Comment tenir ensemble la confession de la toute miséricordieuse Trinité et la gestion des malentendus parmi nous ?

(…) Il me semble essentiel de retenir ceci : une nouvelle prise de conscience de la tension entre la manière de faire vis-à-vis des frères et sœurs de la grande famille chrétienne et notre confession de foi de la miséricorde divine pourrait nous aider à avancer sur le chemin vers une unité visible. En même temps notre témoignage vis-à-vis d’un monde en détresse pourrait gagner en crédibilité et en authenticité.


Une meilleure réception de ce don de Dieu qui est adressé à moi comme aux autres, peut se traduire aussi par notre manière d’être attentifs aux pauvres. Je pense par exemple au pasteur Charles Wagner qui, à Paris, organisait la distribution d’une soupe populaire chaque fois que la Sainte Cène, l’Eucharistie, avait été célébrée au temple. Pour lui, le sacrement de l’autel et le sacrement du frère étaient inséparablement liés. Il considérait comme une trahison du don de Dieu de séparer la participation aux mystères du Christ-se-donnant, nourriture pour notre foi, de l’engagement concret auprès des personnes à qui manque la nourriture quotidienne.


Dans la plupart des paroisses protestantes ce lien entre nourriture spirituelle offerte par la Parole de Dieu et les sacrements d’un côté, et l’engagement auprès des personnes en situation de détresse de l’autre, se concrétise à travers la prière et une collecte d’argent. Les offrandes recueillies lors d’un culte peuvent être destinées à la vie de l’Eglise. Mais nous avons aussi l’habitude de proposer une deuxième collecte qui doit soutenir le travail diaconal auprès des personnes en détresse. Ces personnes peuvent faire partie de la communauté locale ou non. Cette pratique s’inspire largement de la lettre de St Jacques qui dit « Si un frère ou une sœur n’ont rien à se mettre et pas de quoi manger tous les jours, et que l’un de vous leur dise ‘Allez en paix…’ sans que vous leur donniez de quoi subsister, à quoi bon ? » (Jacques 2, 15)


On peut également évoquer les convictions et le travail de l’Armée du Salut auprès des personnes qui connaissent la grande pauvreté. Le respect de ces personnes demande que nous soignions leur corps avant de parler de ce salut intérieur que le Christ apporte. La nourriture suffisante et la décence physique sont indispensables pour éveiller la faim du cœur.

Le chemin vers une unité visible entre chrétiens sera fait de petits pas, de découvertes et d’appréciations réciproques parce que nous recommençons à nous fréquenter, à porter un regard de curiosité spirituelle, de confiance et de bienveillance les uns sur les autres. Si ce qui se pratique dans une autre Eglise, était inspiré aussi par Celui-là même que j’adore et que je désire servir dans ma propre Eglise ? C’est ainsi par exemple que l’Eglise réformée de France a pris une décision liturgique importante après la réforme liturgique du concile de Vatican II : adopter le calendrier des lectures bibliques dominicales. Si bien qu’aujourd’hui en France chrétiens catholiques et protestants (réformés) se laissent interpeller, dimanche après dimanche, par les mêmes textes de la Bible, par une même Parole de Dieu.


Je prends un exemple. Rappelons-nous comment le texte de l’évangile (Mc 1, 40 – 45) nous interpelle sur notre manière de porter témoignage au Christ. ... (Un lépreux vient auprès de lui ; il le supplie et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui). 


Le drame de ce récit c’est que l’homme avec toute sa bonne volonté de dire l’action merveilleuse du Christ, provoque le contraire de ce que Jésus désire. C’est comme s’il avait passé sa lèpre à Jésus. Celui-ci désormais doit se tenir à l’écart, il ne pourra plus aller librement dans les villes et les villages s’il veut rester fidèle à la mission que le Père lui a confiée. Il fait partie des médecins sans frontières, mais son champ d’application est aussi le corps social, le corps collectif qui manifeste le péché comme problématique du monde et non seulement comme un manquement moral personnel. Mais sans s’en rendre compte l’homme guéri se met à travers de son chemin. Son discours ressemble à un « bavardage pieux » parce qu’il ne renvoie pas au mystère du Dieu invisible qui veut sauver tout son peuple à travers la conversion des cœurs et des regards.


Cet évangile nous concerne pour notre manière d’évangéliser autour de nous. Il ne suffit pas de proclamer les bienfaits de Dieu ; il ne suffit pas d’exposer aux autres quel était notre mal et comment nous avons été guéri. Cela peut éventuellement provoquer l’admiration, mais aussi le désespoir : Dieu ne s’occupe pas de moi, car moi je reste souffrant(e). L’évangélisation a besoin d’autre chose que de la seule piété et de la répétition de formules dogmatiquement justes, mais incompréhensibles dans une culture de la peur.


Par contre si le corps social qu’est l’Eglise laissait mieux transparaître comment la miséricorde nous affecte dans notre manière de vivre ensemble fraternellement dans la louange et dans la peine, dans la responsabilité civile et spirituelle, dans l’accueil mutuel sans peur devant les langues et les provenances des uns et des autres, des cultures ou des moyens économiques, alors, peut-être, le langage de Dieu deviendra compréhensible et constituera une bonne nouvelle pour ceux qui cherchent à vivre autrement.


Il me semble essentiel que nous entendions dans les Evangiles à la fois la proclamation d’une grâce qui nous est offerte personnellement, mais aussi l’interrogation qui résonne depuis les origines : « Où est ton frère ? Qu’as-tu fait ? » Que nous puissions répondre, humblement et en vérité : « oui, je sais, ta miséricorde m’envoie pour qu’avec le Christ, je sois le gardien de mon frère, de ma sœur, de celui qui me ressemble et de celui qui ne me ressemble pas. »

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